Carnet de route

Au CAF PdO, les cordées féminines se déchaînent - La terrible voie...
Le 16/08/2008 par Dominique Genevey
Au Caf Pays d’Oisans, les cordées féminines ont le vent en poupe... Jugez-en:● Ascension du Pic Jocelme, par Caroline et Dominique(un équipier «mâle» s'est glissé là en la personne de Michel de Baudoin)● Découverte d’un joli site d’escalade, par Sylvette et DominiqueEh bien oui, cette année, notre équipe gagnante a découvert une perle rare: le spot du Col de la Croix de fer... (Falaises du Barrioz et du Perron, situées l'une à côté de l'autre)On y trouve réunies toutes les conditions de la Grrrrrrrrrrrrande voie «parfaite»Voies expérimentées: 4 par 4+ (Perron , difficulté D-), Rectitude attitude (Barrioz, difficulté AD+).Infos : http://www.belledonne38.com/● Et pour finir la terrible «du Dièdre»A la fin de ce bel après midi Sylvette et moi arrivons tranquillement au refuge du Pavé, où la jeune gardienne nous accueille avec chaleur… Elle me reconnaît: je suis montée le mois précédent et redescendue bredouille, n’ayant pas franchi la 1ère longueur de notre objectif actuel !Le refuge nous offre ses bas flancs douillets, chauffés par le soleil.Peu de monde en cette mi Août: nous serons seules à la pointe Emma, demain.Au dîner nous bavardons avec un guide sympa, qui entreprend de nous rassurer sur nos projets…. Notamment sur ce début de voie : à cause de lui cette jolie course, équipée à l’ancienne, a récemment mis en échec d’autres candidats ! Qu’en sera t il de nous ?A notre avantage: une météo plus qu’optimiste, et ma tentative de Juillet …Et surtout le plus important: une énorme motivation !Restée sur ma faim la fois précédente je sens que ce début «culotté» est peut-être à ma portée….La nuit se passe, les étoiles ne s’émouvant point de nos petits soucis !Réveil vers 6h, petit déjeuner silencieux, un sentiment d’anxiété rôde… !Départ !Le névé soutenant l’attaque a bien fondu; quoiqu'en neige dure il se laisse gentiment remonter, donnant accès à un rocher délité, passage obligatoire.Inspirée pas de vagues dalles d’allure bienveillante, je choisis d’attaquer plus bas que l’autre fois, nettement plus à l’aplomb du passage «exposé»…Nous voilà prêtes, encordées, chaussées, casquées, armées de friends et nombreuses sangles en tout genre…La bouche sèche, je me lance, en m’efforçant de ne pas penser à ce qui m’attend…Les dalles s’avèrent simples, je les remonte facilement jusqu’à un vieux piton.«ensuite sur la gauche, jusqu’à un petit mur surmonté d’une sangle usée…». Une fois rétablie au dessus, commence le pas «fameux», où nous avons stoppé l’autre fois.Je m’engage avec précaution dans une traversée très peu appétissante, et comprend vite qu’il faut essayer plutôt «en dessous» , malgré ce rocher bombé qui me barre le passage. En me faisant légère, avec de tout petits pas, concentrée, je finis par me trouver de l’autre côté, sur une vire ô combien accueillante !Juste après, apparaît un «indice» qui correspond à la description du topo: une courte fissure en dülfer, suivie d’un rétablissement pas trop méchant … Et n’en croyant pas mes yeux, voilà que je découvre «le» relais !2 points et quelques sangles: merveilles des merveilles.La vie me paraît soudain magnifique ! Mais ne retardons pas l'installation du relais, car Sylvette doit s'impatienter, 40m plus bas.Pas de problème dans l’avenir proche: la suite est une traversée en III, permettant de contourner la crête qui nous sépare de la facette du dièdre. Puis arrive un mur (petit IV?) protégé d’un piton, lequel me lance un clin d’œil complice..Au dessus une jolie vire herbeuse grimpe jusqu’au pied d’une cheminée…Le moral grimpe lui aussi, mais vu de près le départ de cette fameuse cheminée-dièdre ne m’inspire plus vraiment: trop athlétique à mon goût! Je décide d’essayer plus à droite. Malgré une prise qui me reste dans la main, je persiste et signe… une erreur !Damnation !! Je suis sortie du dièdre avant même d’y rentrer !!!…Brutalement je constate la nécessité de ne pas céder à certaines tentations: du haut de son bord droit je contemple maintenant à loisir mon fameux dièdre, admirant comme il se rétrécit en une gracieuse fissure…Fort heureusement des assemblages de plaques de granite bienveillantes me permettent d’improviser un petit relais.Et lorsque Sylvette me rejoint, je lui explique avec une assurance toute feinte comment cette escapade imprévue va se finir: il semble possible, en redescendant légèrement sur la gauche, de plonger dans le dièdre…Aussitôt dit, presqu’aussitôt fait…Au prix d’une contorsion peu élégante je finis par me retrouver enfin «dedans» !C’est alors que je découvre qu’il n’est pas si aisé que prévu…«IV+, remonter le dièdre sans difficulté…» que disait le topo !!Bien sûr pas le moindre petit piton, même très rouillé… A moi les friends… J’en place quelques uns et me fatigue assez vite, horreur ! Pas de repos possible, il faut faire vite !!En brûlant mes dernières cartouches d’énergie j’atteins fébrilement une terrasse confortable, juste avant de tétaniser.. ouf !!!Quelques longueurs «rando» plus tard, nous atteignons la crête sommitale, magnifique récompense…Du sommet du Pic des Cavales - pas très loin à vol de choucas - quelqu’un nous fait coucou !!!Est-ce la cordée du guide ?Après un petit rappel en biais, nous nous octroyons une longue pause repas bien méritée: plein soleil, aucun vent, l’espace et les montagnes nous appartiennent….Mais les meilleures choses ont une fin: il nous faut retrouver le cheminement de descente.De nouveau nous avons l’impression de nous fourvoyer : pour atteindre la «Rampe», qui est en fait la voie normale, nous choisissons de descendre tout droit !Finalement Sylvette découvre un superbe relais de rappel, tout neuf, caché dans une fissure malcommode… Pas vraiment prévu par le topo, mais enfin, du moment qu’on rejoint la Rampe…Enfin nous voici de retour sur le «plancher des vaches» en l’occurrence un névé pentu mais accueillant !Une grosse demie heure plus tard nous arrivons au refuge, complètement euphoriques !La gardienne nous félicite très gentiment et nous offre à boire…Décidément la vita è bella !!!* Pour ceux qui seraient tentés (NDLR) :Voie du Dièdre à la Pointe Emma : D-, cotation 4C, engagement II, altitude maximum. : 3346 mDénivelée depuis le refuge du Pavé : 510m