Carnet de route

SapinMéchant à PréGentil - Villard-Reymond
Le 17/01/2017 par Marie-lou Chanove
Nous voilà 4 au rendez-vous fixé, bien contents de trouver refuge aux Petites Sources par une ambiance quasi sibérienne (-16°C). L’atelier d’entretien des skis (fartage, histoire que çà glisse sur la neige froide … dixit Eric), proposé en introduction, tombe donc à pic pour laisser le temps à la température extérieure de grappiller quelques degrés. Après un point carto auquel Stéphane porte un intérêt bien marqué (« volontaire désigné » par Eric pour faire la trace), Stéphane et Eric embarquent dans le véhicule de Didier suivi par celui de Gérard et Marie-Lou, à la rencontre des « Petarons ». Et oui, c’est ainsi que se nomment les âmes qui, a priori, ont toutes déserté Villard-Reymond figé dans le froid glacial.
Les véhicules sont garés sur le petit parking aménagé près de la fontaine (vers 1570 m d’altitude environ) avant Villard-Reymond. Sans perdre un instant, les skis sont chaussés et nous voilà partis à l’assaut des pentes enneigées des pâturages d’où émergent poteaux et fils de clôture, avec pour premier cap, la Chapelle Sainte Philomène puis le relais situé en haut de crête où nous profitons d’un panorama fabuleux baigné d’un soleil hivernal fort généreux. A nos pieds s’étend la plaine de Bourg d’Oisans à peine sortie de la froide brume matinale ; puis les yeux s’élèvent pour contempler, face à nous, les 2 Alpes et le glacier de Mont de Lans, le plateau d’Emparis, les Aiguilles d’Arves, La Meije. Un regard sur la droite nous dépose à l’Aiguille de la Selle et plus près à la Muzelle, au Rochail et au Grand Renaud. Sur notre gauche, se détachent l’Alpe d’Huez, les Grandes Rousses et le massif de Belledonne. Après cet arrêt à couper le souffle et avoir rangé nos peluches, Stéphane nous entraîne, sur une douce feutrine, dans le vallon boisé au-dessus de Bourg d’Oisans, en louvoyant d’une trouée à l’autre, jusqu’à croiser le Chemin du Facteur quelques 200 mètres en contrebas, où une petite clairière semble marquer le point d’entrée dans la dense forêt d’épicéas.
Inspiré par les scintillements du givre de surface qui s’est formé au cours de ces dernières nuits glaciales, Eric met à profit une petite halte pour nous expliquer et nous montrer, avec un accent bien Suisse, la « rugosité » qui permet, sous réserve qu’elle se forme, de lier différentes couches du manteau neigeux et en faire une structure plus stable et cohérente. L’interlude terminé, chacun s’affaire pour refixer ses peaux de phoque et suivre Stéphane qui multiplie les conversions pour nous assurer une progression confortable jusqu’au relais, le point de départ de notre première descente. Plutôt que de batailler dans les pentes encombrées de pins à crochets au-dessus de Villard-Reymond, Eric nous propose une variante bien plus sympathique à savoir, atteindre le promontoire de Prégentil (1938 m) en suivant la piste qui conduit au Col de Saint Jean. Au niveau du col, nous bifurquons sur la gauche dans une large clairière qui se redresse et se ferme progressivement sur le haut. Stéphane et Didier s’activent pour trouver le passage idéal entre sapins, mélèzes et fayards, vers le sommet du promontoire. Eric aménage quelques petites variantes. Au passage, il caresse avec ses bâtons les sapins trop prompts à vouloir nous transformer en bonhomme de neige. Sur le haut, la zone découverte nous offre un spectacle grandiose : devant nous, Villard-Reymond se love au pied des crêtes du Grand Renaud et, sur notre droite, le massif du Taillefer arbore son somptueux habit blanc dans un ciel bleu azur. Après un dernier tour d’horizon à 360°, exit les peaux de phoque et en avant pour la descente en direction de la cuvette, en contrebas et à l’ouest du Col Saint Jean. Stéphane et Didier disparaissent rapidement dans les sous-bois. Gérard et Marie-Lou suivent gentiment l’itinéraire tracé par Eric, un gymkhana bien balisé dans les sapins. Gérard loupe un premier virage, puis un deuxième et voici qu’un sapin méchant s’approche de lui sans crier gare et le happe sous ses immenses branches piquantes. Il a ferraillé dur pour se défaire de la bête qui a tout de même laissé quelques plumes dans la bagarre, à en juger les verts trophées exhibés à la maison.
Dans leur folle envie de glisse, Stéphane et Didier rallient rapidement le Col Saint Jean où ils nous attendent … patiemment. Un peu plus en contrebas, Eric les invite à venir « fouiller » plus bas dans les pentes situées à l’ouest du Col Saint Jean. L’expédition se termine à l’orée d’une combe boisée ; nous voilà tous rassemblés pour l’avant dernière manip de peaux et la remontée jusqu’au Col Saint Jean. Nous nous laissons glisser vers le relais (3ème passage), puis à travers les pâturages, empruntés au départ de la rando, dans lesquels quelques spécimens du troupeau de chamois qui y broutaient les hautes herbes desséchées, semblent attendre notre retour, avant de s’engouffrer dans les sous-bois.
La sortie se termine, comme il se doit, autour d’un verre « chaud » de l’amitié.